Dépêche APM du 1er Avril 2018 : Arnaud Mitigeur, Ministre de la Santé, lance le premier emprunt à impact sanitaire, Sleep Smart
Un financement novateur du télésuivi de l’Apnée du Sommeil
Face à une baisse drastique de 10% du forfait 9 depuis le 1er Janvier 2018, l’ensemble des acteurs de la prise en charge des patients apnéiques souhaitaient une réforme profonde de la prise en charge. Ce projet d’emprunt à impact sanitaire consiste à faire financer par un consortium d’entreprises privées, réunissant prestataires de santé à domicile et fabricants de dispositifs médicaux réunis au sein d’un GIE, le développement du télésuivi des patients apnéiques. Les PSAD et les fabricants financent à hauteur de 60M€ les connecteurs de télésuivi, les abonnements télécom ainsi que les solutions logiciel. Cet emprunt sera remboursé par l’Assurance Maladie (intérêts compris) si moins de 10% des patients apnéiques ne sont pas observants. Bien entendu, chaque patient a le libre choix d’être télésuivi ou de bénéficier de la prestation classique.
Travailler efficacement permet d’augmenter le remboursement
Ce mécanisme pousse les industriels à réinventer leur métier. La grande nouveauté est la prime à la performance de la cohorte, et non du patient lui-même. Fini les débats sur la responsabilité du patient sur sa non-observance, sur son aptitude à mentir à son médecin, sur les raisons qui le poussent à ne pas accepter un traitement qu’il considère qu’on lui a imposé. Aucun PSAD ne pourra se résoudre à enlever une machine à un patient qui ne souhaite pas révéler les secrets de sa non-observance. Le seuil d’observance retenu est au niveau de la cohorte et non au niveau du patient lui-même.
Un suivi scientifique de l’efficience du système
A partir de l’engagement éclairé du patient, le système mesure l’observance dès le deuxième mois. Comme chacun le sait, un patient sur deux est tenté d’arrêter le traitement dans le premier mois.(1)
Un nouveau rôle dans la prise en charge, l’ingénieur régulateur
Maintenant un ingénieur régulateur pilote la prise en charge à partir de nouveaux protocoles pour améliorer l’observance tant d’un point de vue préventif que curatif. Certains PSAD se sont rendus compte qu’il fallait adapter la prise en charge aux différents type de patients : i) l’éducation thérapeutique est clé notamment pour les patients souffrants d’autres pathologies du type du diabète pour les inciter à faire de l’exercice physique et à modifier leur alimentation; ii) un passage temporaire à la gouttière est une solution proposée désormais systématiquement pour les patients affectés par la rétroprognatie, quand le patient souhaite des vacances de son traitement par ppc.
L’économie de la visite de technicien a été réinvestie dans un temps d’écoute, d’empathie avec le patient
L’industrialisation du suivi permet d’économiser une visite de technicien sur deux. Plus besoin de déplacer un technicien pour télécharger les données de la machine, de changer les paramètres de ventilation. Les plannings de visites des techniciens dépendent désormais du profil des patients. Certains PSAD ont profité pour renforcer leur approche humaniste de la prise en charge. Des infirmières diplômées soit d’un DU d’éducation thérapeutique soit d’un DU de psychologie spécialisée à la prise en charge des malades chroniques contactent à distance certains patients. Les programmes mis en place respectent le processus en 6 étapes de Kubler-Ross qui passent par l’acceptation et l’appropriation de sa maladie.
Un concept qui nous vient d’Angleterre
C’est Gaspard Koenig dans un article des Echos publié le 23 mars(2) qui nous a informé de l’existence des « social impact bonds » (SIB). Les Anglais en ont créé dès 2010. Le concept est simple : des investisseurs financent une action sociale, et sont remboursés par les pouvoirs publics en fonction de son succès, mesuré par des mesures précises établies dès la définition du projet. C’est le financier qui supporte le risque, tandis que le budget de la nation est épargné en cas d’échec. Ce mécanisme récompense l’efficience. Les pouvoirs publics français ont récemment étudié ce mécanisme lors d’une task force du G8.
Chez Must et Erbium, nous sommes convaincus qu’il faut de la disruption dans la santé à domicile.
Cela fait déjà plus de deux ans maintenant que la télé-observance a été supprimée. Rappelons-nous, le Conseil d’Etat avait stoppé en février 2014 son développement suite à des recours déposés par une poignée d’associations non représentatives. Pourtant les études menées par certains professeurs, et d’autres ont largement démontré l’efficience du télésuivi. Ce constat choquant qui inhibe l’amélioration de la prise en charge nous conduit à proposer des solutions innovantes. Plus les PSAD démontreront leur efficience notamment par rapport à d’autres acteurs de la santé à domicile, plus les pouvoirs publics seront tentés par de nouvelles expérimentations. L’accompagnement de la prise en charge en ville de certaines spécialités hospitalières perfusées, la dialyse à domicile, les domaines d’innovation de la prise en charge avec des dispositifs connectés ne manquent pas.
Et vous, qu’oseriez-vous proposer des actions disruptives pour favoriser l’innovation ? si oui, pour résoudre quels problèmes que vous trouvez inacceptable dans le système de soins ?
(1) Journal of Respiratory Care vol 15 N°7 Octobre 2008
(2) http://m.lesechos.fr/idees-debats/quand-la-finance-devient-notre-amie-021786492615.htm