La France a un retard considérable en matière de médecine ambulatoire. Pourtant le réseau des professionnels de santé de proximité existant promulgue des soins équivalents à ceux de l’hôpital.
Le lien encore difficile à établir entre hôpital-patient et médecine de ville
« L’évolution du système de santé doit être guidée en premier lieu par l’objectif de soins pertinents et adéquats : fournir, pour chaque situation, l’offre de soins la plus appropriée ».[1]
Le rapport de l’ONDAM comme de nombreux autres est clair : l’hôpital ne doit plus être la réponse à toutes les pathologies.
La France est le 3ème pays de l’OCDE à consacrer le plus de dépenses de santé pour sa population. Une offre de qualité mais aussi une offre de plus en plus difficile à supporter pour les dépenses publiques. Aujourd’hui la dépense de santé évolue plus vite que notre PIB : l’urgence est au changement !
La médecine de ville est évoquée depuis des années comme le levier principal d’économies par rapport aux coûts d’hospitalisation. Pourtant, malgré des efforts en ce sens de tous les acteurs de santé, l’ONDAM remarque qu’elle ne représente seulement que 23 % de la dépense de santé contre 33 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. Plusieurs difficultés apparaissent néanmoins pour expliquer ce retard.
Tout d’abord, la médecine s’étant tourné généralement vers les structures hospitalières depuis des décennies a orienté systématiquement le patient vers elles.
La population garde le réflexe de consulter les urgences avant même d’avoir consulter son médecin traitant.
De plus, de par son organisation interne, l’hôpital a ses propres moyens de transmission de dossier. Bien souvent, à la sortie du patient de l’hôpital, ces dossiers ne suivent pas vers les acteurs du soin à domicile. De ce fait c’est encore le patient qui fait le lien entre l’hôpital et la médecine de ville, là où les moyens informatiques d’aujourd’hui pourraient être utilisés à cet effet.
Il s’agit donc d’une part de créer les moyens informatiques nécessaires à ces transmissions, comme le fameux DMP, mais aussi de libérer le patient d’une charge inutile.
« On sait aujourd’hui que l’articulation entre l’hôpital et la ville, médecin traitant mais plus généralement équipes soignantes en ville, demeure problématique tant au plan de l’information réciproque que de l’organisation des soins (entrées ou sorties à l’hôpital, relais en ville de la prise en charge hospitalière) ». [2]
La coordination des acteurs de la santé à domicile
Pour rendre la médecine de proximité comme celle la plus appliquée en France, il faut améliorer la coordination entre les professionnels de santé de proximité.
Tout comme la dissonance tenace entre hôpital et ville, la communication entre le médecin traitant en charge du parcours de soin à domicile et des acteurs de santé de proximité (tels que les infirmiers libéraux, les prestataires de santé à domicile ou les auxiliaires de vie) est complexe.
Le rôle du médecin traitant comme pilier central de l’organisation des soins a facilité le dialogue et la concertation mais pas les moyens de coordination. Les médecins traitants sont débordés et qui plus est, ne sont pas assez valorisés par ce rôle pourtant primordial pivot de la santé de proximité. L’ONDAM préconisait d’ailleurs de « rechercher des modes de tarification du travail habituel des soignants qui incitent les acteurs à un travail transversal ».[3]
« La stratégie nationale de santé affirme le rôle de coordination du médecin traitant. Viennent alors d’autres questions : comment rémunérer cette coordination ? Quelle équipe constituer autour du médecin traitant et comment ? Quels outils faciliteront la coordination ? »[4]. Tout comme pour la liaison entre soins hospitaliers et soins de proximité, la meilleure piste évoquée pour améliorer la communication semble être une meilleure utilisation des ressources informatiques pour un partage des données de santé efficace et utile.
Title : Les difficultés de la médecine de proximité
Description : Le maintien à domicile semble être le levier économique le plus important à mettre en place afin de réaliser des économies importantes sur les dépenses de santé en France. Quelles sont les problèmes actuels freinant la prépondérance de la médecine de ville ?
[1] http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_ONDAM-IGAS-IGF_juin2012.pdf
[2] Santé à domicile Infon°1, novembre 2013
[3] http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_ONDAM-IGAS-IGF_juin2012.pdf
[4] Santé à domicile Info n°1, novembre 2013