L’e-santé peine à se développer en France, comparativement à nos voisins européens. Quels en sont les chiffres clés ? Et quels bénéfices les usagers pourraient-ils en tirer ?
e-santé en France, les chiffres clés
Dans le domaine médical, le numérique gagne du terrain en France. Les avancées y sont encore freinées par quelques-uns de ses acteurs, mais le mouvement est clairement en marche. D’autant que les pouvoirs publics se sont emparés de la question depuis peu. Améliorer la qualité des soins tout en en diminuant les coûts est en effet possible grâce au numérique appliqué à la santé. Mais quel en est l’état des lieux actuels ? Les cabinets médicaux sont quasiment tous équipés aujourd’hui de logiciels qui permettent la gestion des dossiers des patients et leur partage entre médecins du même cabinet. Quant à la connexion avec les caisses primaires d’assurance maladie et les mutuelles via la carte Vitale, le B-A-BA du numérique pour la santé, elle est aujourd’hui acquise dans les pharmacies et les cabinets. Par ailleurs, les médecins sont de plus en plus équipés d’appareils connectés. En 2014 déjà, plus de la moitié d’entre eux (60%) travaillaient avec des tablettes numériques. 50% des professionnels se servaient de cet appareil à des fins purement professionnelles. Et les trois-quarts d’entre eux téléchargeaient des applications dédiées, la principale d’entre elles étant l’application Vidal. Enfin, si 81% des médecins estimaient que l’e-santé offrait des opportunités pour l’amélioration de la qualité des soins, 8% seulement conseillaient des applications de santé numérique à leurs patients.
La dernière des évolutions consiste en l’implication des médecins eux-mêmes dans l’élaboration d’applications numériques pour la santé[1]. Le livre blanc publié l’an dernier, « De la e-santé à la santé connectée » [2], recense en effet un nombre croissant d’applications réalisées conjointement par des médecins, des chercheurs et des ingénieurs. Quant aux français, ils étaient il y a un peu plus d’un an 18% à avoir déjà recouru à une application numérique pour la santé ou pour le bien-être. Et 24% des personnes qui ne s’y étaient pas encore essayées indiquaient l’intérêt qu’elles éprouvaient à ce sujet.
e-santé, quels bénéfices pour la santé ?
Les premières pathologies visées par ces applications de e-santé développées conjointement par des spécialistes ? Ce même Livre blanc publié en 2015[3] énumère entre autres : le diabète ; les rechutes de cancer du poumon ; ou encore la prévention des risques d’erreur médicamenteuse. On le comprend déjà : les pathologies chroniques ne sont donc pas les seules à pouvoir tirer profit de la santé numérique.
Qu’en pensent les patients ? Trois français sur quatre se disent prêts à échanger par courrier électronique ou visioconférence avec leur médecin, depuis un PC, une tablette ou un smartphone. Ils sont même 83% à être prêt à le faire dans le cas d’une maladie chronique et 82% pour un suivi post-opératoire. Près de neuf sur dix (87%) se prêtent à l’échange électronique d’informations de santé entre les centres d’examens et les professionnels de santé (médecins, prestataires de santé, etc.) et plus de huit sur dix (81%) acceptent aussi de recevoir ces résultats par voie électronique.
Pourquoi des taux si élevés ? Parce que huit français sur dix (81%) estiment que l’e-santé et les outils numériques qui l’accompagnent sont de nature à améliorer la coordination des soins au sein du parcours de santé, et notamment entre l’hôpital et la ville. Selon eux, les professionnels une fois connectés peuvent offrir une qualité de soins améliorée. Par ailleurs, sensible à la mode des vêtements et des objets connectés, la population française (à 77%) estime que le suivi de facteurs biologiques du type pouls, tension ou poids directement mesurés sur la personne et éventuellement transmis numériquement sera de nature à améliorer la qualité des soins apportés au malade. Par contre, les patients comme les médecins sont particulièrement attentifs à la protection des données personnelles. La conscience des risques liés à la transmission numérique d’informations sensibles est collective. Il n’empêche que le terrain est aujourd’hui particulièrement favorable au développement de l’e-santé en France, quand ce développement est par ailleurs en retard actuellement par rapport à la plupart de nos voisins, européens ou américains. Et les prestataires de santé, qui sont aux premières loges, en sont plus particulièrement convaincus.
[1] Le Livre Blanc du Conseil national de l’Ordre des médecins :
https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/medecins-sante-connectee.pdf
[2] Idem
[3] Idem