La prise en charge de pathologies chroniques et handicapantes impliquent pour le soignant comme pour le soigné différents niveaux de relations. Entre le miracle de la guérison et la réalité, rarement aussi joyeuse ou bien entre le juste équilibre des responsabilités patient-orthopédiste, le dialogue est parfois complexe à installer.
Entre guérir et améliorer le quotidien : endurer et faire accepter la pathologie chronique
La guérison est le but recherché pour le patient comme pour son soignant. Pourtant peut-on parler de rétablissement total à un patient lourdement handicapé ? Doit-il croire nécessairement qu’un jour tout redeviendra « comme avant » ? Tout dépend du sens que l’on souhaite donner à la notion de guérison.
Évidemment, pour donner un but aux soins la guérison ne peut être que le but ultime à atteindre. Cependant l’orthopédiste ou l’orthésiste doit se résoudre, tout comme son patient, non pas à une guérison totale mais à un retour à l’équilibre, ce qui est déjà une victoire en soi. Mais une défaite pour le patient qui aurait continué à croire, qu’un jour peut-être, il ne serait plus diminué.
Il s’agira donc d’établir entre malade et orthopédiste les règles et buts à atteindre de façon claire afin d’éviter le terrible malentendu du patient qui osait espérer plus, alors que sa pathologie ne peut l’envisager.
« Comment l’orthésiste et le patient peuvent renoncer à cette croyance, ce but supérieur et ultime dans le cadre de la pathologie chronique ? A défaut de quoi la relation d’aide peut rapidement tourner mal, tant pour l’orthésiste qui souffrira de son impuissance que pour le patient qui se maintiendra dans une position de victime de ses douleurs ».[1]
Ainsi, l’orthopédiste-orthésiste peut et doit mettre en place avec son patient une pédagogie de la guérison afin que tous deux ne vivent dans l’idée miraculeuse de la guérison ultime.
L’orthopédiste-orthésiste entre le soin et le « prendre soin »
Le rapport entre patient et soigné peut se transformer parfois en un duel complexe, mis à mal par le sentiment de régression et d’impuissance du malade par rapport aux soins prodigués par le soignant.
La difficulté du « prendre soin », en particulier pour les orthopédistes-orthésistes, est de consacrer empathie et bienveillance à l’égard d’un patient diminué physiquement.
Dans le cadre de traitements ou d’appareillage apportés par l’orthopédiste-orthésiste, on peut facilement imaginer que la position d’adulte du patient ainsi réduite à être soigné plutôt que de se soigner lui-même peut provoquer une régression psychologique importante.
« Cet état régressif peut entraîner des positions de défense aussi opposées que : un mode de réaction agressif ou sur la défensive par un mode plaintif et victime ».[2]
Quel que soit le schéma dans lequel s’inscrira la relation entre le malade chronique et son orthopédiste-orthésiste, il s’agira bien sûr de tendre vers la relation de confiance, l’envie de progrès partagée, le désir d’aller plus loin ensemble et de gagner jour après jour de « petites batailles ».
Et si, face à un handicap lourd ou à une pathologie chronique, l’importance du rôle du soignant était de faire comprendre à son patient que chaque bataille, aussi petite soit-elle, est une victoire mais que la paix totale n’aura plus lieu ?
Théorie du processus orienté vers le résultat selon Marie Lemonnier Psycho-praticienne en Analyse Transactionnelle[3]
[1] La revue d’information orthopédistes – orthésistes n°15 de septembre 2015 (p.7 – 8)
[2] La revue d’information orthopédistes – orthésistes n°15 de septembre 2015 (p.7 – 8)
[3] Idem